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jeudi 3 février 2011

ZONE DÉCISIVE.



         C’est au moment d’atteindre la passerelle de bois ciré que Colombine s’arrêta pour regarder autour d’elle. Elle se trouvait dans un grand pré très vert et très dru, parsemé de fleurs orange dont la senteur forte et sucrée montait à la tête et étourdissait. De grands arbres puissants à l’écorce épaisse et rude se dressaient dans le ciel bleu foncé qui semblait menacer de tout écraser. Pas un souffle de vent ne venait rafraîchir l’atmosphère, et Colombine se sentait oppressée. Si elle parvenait à passer le petit pont qui assurait la liaison entre les deux rives, elle entrerait dans un univers totalement différent. Celui où elle évoluait depuis sa naissance n’avait rien de repoussant, il ne menaçait personne, il était même plutôt agréable de s’y trouver. Mais Colombine  sentait qu’il ne voulait plus d’elle maintenant et qu’il était grand temps qu’elle se décide à passer de l’autre côté. Tout à coup, elle se sentit résolue à franchir le pas qui la séparait de son destin. Alors qu’elle n’avait plus que quelques mètres à franchir pour passer le pont, elle hésita, saisie par l’ennui et la prise de conscience d’une inutilité plutôt que par la peur devant l’inconnu. Quand même, elle avança de trois pas sur la passerelle, mais pour s’arrêter de nouveau. Elle regarda sous ses pieds : Grise et triste, une petite rivière sale  serpentait…Colombine regarda alors les arbres gris à l’horizon, le ciel bas et les corbeaux qui passaient.
                   Respirant à pleins poumons, elle s’élança au-dessus du parapet et disparut dans le remous  sale et gluant de l’eau qui l’avala.





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