ÉCHEC DE L’HEREDITE.
La petite fille aux yeux noirs était assise dans le plus sombre coin du vestibule. Elle semblait attendre le passage de quelqu’un. C’était la fille du Diable, et celui qu’elle attendait était le fils de Mars.
Il avait eu la bêtise de se fier à elle, et de lui confier son être. Elle avait écouté, avec un air de Sainte Nitouche, voilant ses yeux cruels d’un rideau d’ombre, de menthe et de tilleul. Il avait parlé longtemps. Il avait une fois encore, comme tous ceux qui s’adressaient à elle, essayé de la détruire et de briser son âme afin d’y installer la sienne.
Tous ceux- là sont nuisibles. Elle avait failli être bonne. Mais elle avait mal supporté le contact froid et humide de la volonté brutale des autres. Elle comprit qu’il arriverait bientôt. Elle sentait cela très bien. Elle traça rapidement sur le sol un triangle rouge, dans lequel elle enferma ses symboles maléfiques, tout en laissant une pointe effacée, porte ouverte à l’agression : les pas du fils de Mars se firent plus proches. Elle allait être soulagée, pensa-t-elle avec joie ! …Elle se recula dans l’ombre et, au moment où son ennemi s’avançait vers elle en souriant, alors qu’il posait le pied gauche au beau milieu de triangle, elle leva le bras gauche vers le ciel menaçant avec un air de défi : les symboles maléfiques sautèrent d’un bond puissant à la jambe du monstre et leurs mille petites dents lui firent mille petites plaies douloureuses, ruisselantes de l’acide aigu qui faisait leur puissance. En un clin d’œil, le fils de Mars fut broyé, avalé, déchiqueté, et ne fut plus que cendre et que sable.
La petite fille de Satan, déçue de ne pas être soulagée pour autant, se rassit. Elle attendrait les autres, obstinément. Son courroux était terrible, sa honte insupportable ; elle devait réussir si elle voulait gagner !
Marion LUBREAC
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