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jeudi 3 février 2011

MELCHIOR A PLUME.

Melchior avait une plume. Une plume fée qui n’était que douleur. Il aimait sa plume, si pauvre, si triste. Il l’aimait sincèrement. Mais la plume voulait s’envoler. Comment la retenir ? Enervée, électrifiée, exacerbée, la plume trouvait mille prétextes pour repousser le refuge de Melchior.
Certes, il n’était pas toujours réceptif et toujours très égoïste. Cependant, jamais il ne mentait à sa plume adorée : il la respectait trop…
Melchior était un magicien aux multiples facettes. Sans cesse, mille idées s’embranchaient, s’entremêlaient, et la fonction qu’il donnait à la principale d’entre - elles n’était pas toujours celle que les gens auraient aimé lui donner. En fait, il était rarement sur la même longueur d’ondes que les autres. Et pourtant, maître Melchior gardait confiance. Même si les autres, les buveurs de sang, les chercheurs empiriques ne le comprenaient pas, il espérait que sa plume, sa seule amie, pouvait le comprendre et même lui pardonner son manque de cohérence. Elle seule comptait pour lui.
Mais hélas Plume souffrait trop pour être capable de pardonner l’impardonnable : pardonner, c’est se retrouver seul.
Tout ce qu’elle voulait maintenant, c’était vivre libre.

Melchior se trompait quand il croyait que sa plume devenait brillante et soyeuse, qu’elle prenait de la vigueur. Elle souffrait trop. Elle se rebellait. Melchior se sentit responsable : elle n’était plus sienne, et refusait qui plus est qu’il s’offre à elle. Il avait mal, très mal de voir comment elle se comportait. Mais il l’excusait, car son amour pour elle dépassait la raison et il lisait entre ses fibres ce qui se passait en elle.
La plume, hérissée de colère, persuadée que son ami n’était qu’un hideux masque mortuaire, le sommait de quitter l’histoire. Melchior l’aimait, elle comptait beaucoup. Il se tournait volontiers vers elle pour l’aimer et l’écouter ; mais elle en avait assez et refusait d’admettre qu’un sorcier à ses lubies.

Melchior, désespéré, fit son bagage d’étoiles et de rayons de lumière : ses écrits, il les serra contre son âme, car c’était la chose qui lui importait le plus. Il en prenait plus de soin encore que ses propres expériences qu’il abandonnait dans le désordre. Il tendit alors une main en délire et attendit en vain une dernière caresse …

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