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jeudi 3 février 2011

PANTAGORE





          Pour mieux voir ce qui se passait, il décida de rester à l’écart, dans l’ombre. Alors que tous s’agitaient sans répit à tel  point que ça en devenait ridicule, lui regardait de loin, analysant et critiquant ce qu’il observait : Il s’aperçut très rapidement que toute cette frénésie n’avait pas de fondement : ces gens-là étaient des primates, à l’état quasi bestial. Ils avaient tous l’air  sans conscience, purement instinctifs, poussés par la nécessité de l’acte immédiat et gratuit. Il n’y avait rien de profond ni de réfléchi en eux.
Ils étaient lourdement vêtus, et leurs oripeaux semblaient  les gêner considérablement pour se mouvoir. Il les observa encore un peu, mais rapidement ennuyé, il finit par laisser aller son attention en regardant ailleurs.
 Alors, il regarda la pièce creuse qui contenait tout ce monde sans cervelle. Elle avait une forme de coquille, assez profonde, taillée dans de la corne ambrée et transparente. Il n’y avait, pour les gens qui s’agitaient au fond, aucun moyen de sortir de là, aucune issue. Mais cela n’avait aucune importance et les gens ne s’en préoccupaient nullement. Même, ils ne semblaient pas concernés par cette situation. Il pensa qu’ils étaient probablement nés à l’intérieur, et que personne n’ayant connu quoi que ce soit d’autre, on n’imaginait pas la possibilité d’une autre vie dans un
autre milieu ambiant.
Intrigué cependant par le travail qui s’opérait en bas, on ne sait ni pourquoi, ni pour qui, il se pencha, afin de voir en quoi ce travail consistait. Il se baissa, se baissa plus fort, très bas, tellement bas qu’il finit par se trouver accroché à la muraille par ses pieds fortement raidis, soutenant le poids de son corps de ses mains appuyées au mur de pierre. Il resta suspendu un long moment, à quelques centimètres seulement des têtes qui s’agitaient.  Il aurait suffit à l’un d’eux de lever un peu la main et de tirer légèrement pour le faire tomber. Mais ce n’était pas la peine. D’abord, personne ne le voyait. Pourtant il espionnait sans gêne aucune, et sans raison non plus.
Et puis soudainement, ses pieds se ramollirent et il tomba de lui-même, affolé, au milieu des agités absorbés par leur tâche. Il se brisa le crâne contre l’alvéole, juste au centre de la coquille ambrée. Personne ne remarqua sa mort, et tous continuaient, le piétinant cependant.
Bu par l’orifice béant, il disparut.
Sans cesser de travailler, les gens sans cervelle l’aidèrent du pied à passer dans « l’ailleurs »

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