Messages les plus consultés

jeudi 3 février 2011

GRAND NETTOYAGE DE PRINTEMPS

Lentement suffoqué par les poussières de soufre, Tilleul s’enfonce dans la crasse puante et noire de sa triste existence. Le temps des illusions étant passé, il n’a plus qu’à se résigner. La crasse noire et mouvante lui fait un doux nid ouaté. Il s’allonge, de tout son long. Il s’endort…Mais il est brusquement réveillé par une femme de ménage qui passe avec son balai au travers de la pièce encombrée : balayant furieusement autour d’elle et renversant beaucoup d’objets qui traînent un peu partout, elle heurte Tilleul assez rudement et le réveille en sursaut.
-« Place à l’espace, place au vide ! » Clame-t-elle, manifestement très énervée.
Soudain, remarquant la présence de Tilleul sur le parquet, (elle ne
l’ avait jusqu’alors pas remarqué à cause de son état de surexcitation) elle se met à l’injurier dans toutes les langues connues et sur tous les tons, en ponctuant ses vociférations de coups de balai bien pesés dans le foie. Très effrayé par la violence et l’hostilité de sa femme de ménage, il se réfugie à toute vitesse sous le lit et n’ose pas bouger.

- « AH ! C’est ainsi que vous comptez régler le problème, ignorante vipère ! » elle sort de son sac quatre planches immenses, seize clous, un gros marteau
Comment tout cela a-t-il bien pu tenir dans un sac de dame ? Se demande Tilleul qui observe la scène, ramassé en boule sous le lit.
Deux gros pieds s’approchent de sa cachette, deux grosses mains les rejoignent et se mettent à l’emmurer, clouant très vite et très fort pour empêcher la bête de penser et de se révolter.
…Son agonie sera longue. On ne découvrira jamais le corps, malgré l’odeur forte de la décomposition, habilement masquée par le désodorisant muguet de la femme de ménage, chaque matin vaporisé.
Puis la pourriture s’étalera, les vers envahiront toute la pièce, dominant la crasse. Même les rats partiront. L’exécrable odeur restera et une fumée noire planera comme un fil au-dessus du lit envahi par la pourriture.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire