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jeudi 3 février 2011

CERTITUDE



Cela faisait cent ans qu’il longeait les murailles et il en avait assez. Tous ces murs qui se succédaient et entouraient le grand château noir le démoralisaient. Il désirait si sincèrement y entrer ! Mais jamais encore il n’avait pu déceler la moindre ouverture par laquelle pénétrer l’enceinte.
Il ne voulait bien sûr aucun mal à l’habitant, si toutefois il y en avait un. C’était d’ailleurs la première chose qu’il aurait été bon de savoir avant toute pénétration. Son désir n’était pas de violer l’endroit, Il voulait juste percer son immuable secret. C’était trop demander sans doute.
Il pensait avoir tout essayé auprès des gardiens successifs du mystérieux château. Toutes ses prières, ses supplications, ses menaces n’y avaient rien fait. Il avait fait preuve d’humilité, aucun résultat. Alors il  était passé à l’intimidation et à l’humiliation des gardiens du sanctuaire. Même en simulant la domination, il n’avait rien ébranlé. Il n’avait obtenu aucun résultat, aucune réponse à son questionnement. Seul  un profond silence succédait à ses plaintes et il se sentait niais et ridicule. Comment réussir ? Comment au moins attirer la compassion ? Quel était donc cet être qui régulait tout et décidait de tout ? Il devait être fort, très fort. Au bout de ses lassitudes, il se mit à ressentir une sorte de peur mêlée d’un doute affreux. Il se sentait fatigué. Fatigué de tourner. Avait- il seulement la notion du cercle ? Il se laissa tomber sur le sol poudreux. Le regard fixe, il laissa vagabonder son esprit. Une partie de
Son être ne pouvait se résigner à s’arrêter d’avancer.
C’est ainsi que sans le vouloir et sans chercher, il découvrit un petit trou dans la muraille. Un trou juste assez grand  pour le passage d’un rat. Une bouffée de courage l’envahit. Il se mit frénétiquement à creuser pour agrandir l’orifice. Il creusa la terre, puissamment, avec ses ongles et ses dents, puis écarta  les pierres, qui se laissaient écarter avec une surprenante facilité.
Apr7s plus de trois heures d’efforts continus, il parvint à ses fins. Un passage suffisamment large s’ouvrait dans la muraille grise. Quand il eut méticuleusement brossé les genoux de son pantalon, il se baissa complètement et s’engagea à mi-corps dans l’orifice : mais à peine s’était-il introduit sournoisement qu’il senti l’impossibilité d’aller plus loin. Quelque chose comme une force invisible et irrésistible lui barrait la route. Résigné puisqu’il n’y avait pas moyen de faire autrement, il tenta de rebrousser chemin. Même impossibilité cependant ! Il se trouvait emprisonné, comme dans un linceul de terre. L’atmosphère y était si étouffante qu’il ne put y tenir et s’évanouit…
Lorsqu’il s’éveilla, il se trouvait à l’extérieur. Tout était à recommencer. Un instant, il eut envie de tout abandonner. Il se sentait si vieux ! Si fatigué !
Mais son horrible souffrance le reprit. Il devait l’apaiser. Le mal n’est pas d’hier ! Le mal n’est pas vaincu !
Obligé d’obéir au verdict implacable d’en haut, il continua à chercher sans relâche. Car pour toi, pèlerin, point de mort, ni de repos, si l’Absolu n’est pas atteint.              Marion Lubreac

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