PANGOLIN OU L HOMME DOULOUREUX

PANGOLIN OU L HOMME DOULOUREUX

   L’homme aux longs pieds de fil et de laine marche sur la grève endormie. Lui-même à trop dormi. Il regarde la mer qui bat dans ses tempes et défie le soleil qui luit faiblement, rayon pâle et tremblant qui voudrait s’imposer.

    L’homme aux longs pieds de fil et de laine marche sur du sable poudreux. Il écoute crisser sous son pas les mille grains dorés, et le cri des oiseaux affamés au-dessus de sa tête éclatée.

En descendant la butte, il rencontre le crabe. Un vieux crabe à l’œil puissant. Impressionné par la sévérité et le sérieux du crustacé, il s’arrête un moment, n’osant l’enjamber.

-         Et s’il venait à me pincer ?

Finalement, il contourne la créature. Après quelques pas effectués avec lenteur, il se retourne. Le crabe le regardait, sans aucun tact

d’ailleurs. Après avoir haussé les épaules (car la sensation qu’il éprouve est par trop ridicule) l’homme aux pieds de fil et de laine continue son chemin en s'éloignant de la mer. Mais il ne s’aperçoit pas de l’homochromie qui s’opère. Les nèfles à tête de mort s’agitent dans sa poche, puis s’échappent et tombent sur le sol.

   En quelques minutes, il a rejoint les rocs. Il atteint la petite ville au doux nom de Nautile.

C’est alors qu’il se rend compte qu’il est déjà condamné. Approchant d’une mare, il glisse brusquement sur la terre visqueuse et se jette volontairement en pâture aux naucores…

…Ses os, ses pauvres os sont repêchés plus tard par des enfants cruels, qui les jettent négligemment aux nécrobies voraces.

Trop dormi, il avait trop dormi, le petit homme aux pieds trop mous.