Ces longs mois d’hiver passés seul à courir le pays n’avaient guère été agréables. Au moins, le mois de novembre, propice à la rêverie et à l’imagination lui avait-il permis de penser à d’autres moyens d’arriver à ses fins.
Un après midi de mars, Nidopin rencontra son ami. Celui-là même qui s’était, comme lui, impliqué jusqu’au bout dans la quête du Savoartou.
Simon Galair était allé plus loin que lui dans son implication. C’était un sage et ses connaissances n’avaient que peu de limites.
Après avoir montré sa joie face au retour de l’ami, Nidopin s’était ressaisi et il arborait maintenant cette réserve froide quasi déconcertante. Il restait souvent silencieux et jamais personne ne troublait le calme intérieur qui émanait de lui.
Un lourd silence régnait maintenant. Il se laissa tomber sans bruit sur une chaise et attendit, ses yeux pâles posés sur l’ami dont il enviait l’expérience.
Simon Galair se dirigea vers la fenêtre, puis, après un temps de silence, il se décida à transmettre ce qu’il savait à son ami. Au dehors grondait le tonnerre. La pluie fracassait les vitres. Simon Galair se mit alors à hurler, pour dominer le fracas. Cet air triste et grave allié à ces hurlements incompréhensibles le rendaient un tant soit peu inquiétant.
Soudain alors qu’un éclair déchirait le ciel noir et que la grêle tambourinait violemment, il s’effondra au le sol, son long corps maigre secoué par des spasmes de douleur. Sans doute venait-il d’être frappé par la foudre.
Nidopin bondit de sa chaise pour prêter assistance à Galair.
Celui-ci lui fit signe d’approcher l’oreille de sa bouche pour qu’il puisse lui communiquer son savoir avant de mourir. Avide, il se pencha et d’un coup de dent décisif, Galair lui déchira l’oreille avant de lui croquer le nez et de lui arracher la moitié de la joue gauche.
La bouche en sang, il sortit en ricanant comme un dément, laissant Nidopin dans le désarroi le plus total.
Il comprit que lui seul pouvait atteindre sa vérité et qu’il n’avait rien à attendre des autres.
Marion Lubreac
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