Rachel était dans la salle de bain depuis une demi-heure. Elle se préparait avant de partir à l’école quand elle décida tout à coup d’aller retrouver sa mère à la cuisine. Elle ouvrit la porte sans bruit en souriant, mais son sourire se figea quand elle se rendit compte de ce qui se passait :
Elle pouvait voir sa mère très absorbée par la préparation du petit déjeuner. Elle était si occupée qu’elle n’entendit même pas Rachel approcher. C’est alors qu’elle la vit verser le contenu d’un petit flacon dans le bol qu’elle lui destinait avec calme et sang froid.
Hors d’elle, Rachel lui porta un coup violent à l’épaule ce qui la força à se retourner. Sa mère lui en voulait ! Elle cherchait à la détruire ! Il y avait donc toujours entre elle une sorte de rivalité ! Et dire qu’en fille aimante, elle ne s’était doutée de rien. Alors qu’elle se mettait à l’invectiver, elle vit par le carreau un horrible visage aux yeux cruels et noirs la fixer. Elle comprit alors que l’étrange chanson qu’elle avait cru entendre de la salle de bain avait pu être un dialogue entre sa mère et ce « quelqu’un d’autre »…Terrorisée, elle comprit qu’il venait la traquer. Elle repoussa brutalement cette femme qui lui semblait hideuse et se rua sur la porte de la salle de bain afin de s’y enfermer.
La porte résistait, elle céda finalement, mais n’en finissait pas de s’ouvrir. Elle s’engouffra dans la petite pièce le cœur battant si fort qu’elle avait envie de vomir. Elle tira la porte en faisant jouer la clé dans la serrure. De son côté, l’homme en noir tirait vers lui de toutes ses forces : la clé dans la serrure s’affola, elle grinça.
Rachel était maintenant en sécurité. Elle se sentait pourtant affreusement inquiète. Affolée par la poignée de la porte qui s’agitait brutalement en tout sens, elle chercha cependant une issue pour s’enfuir tandis que son bourreau s’acharnait sur la porte. Elle ouvrit doucement la fenêtre et sauta au dehors. Elle se mit à courir, courir au loin, vers le Nord. Les voisins assemblés l’encourageaient en criant. Elle se sentit poussée par un énorme besoin de liberté. Elle enjamba le portillon au bout du jardin et se retrouva en pleine nature.
Dans ce champ qu’elle connaissait depuis toujours, elle découvrit avec stupeur une grosse maison de maître fermée par une lourde porte de chêne foncé. Elle courut au plus vite vers cette porte et son lourd claquoir de fer piqué. Elle avait l’impression de ne pas avancer. Pourtant elle courait de toutes ses forces. Enfin elle parvint à son but et secoua le heurtoir. A toutes les fenêtres illuminées, des gens, du plus loin qu’ils l’aient vue, lui criaient des choses aimables et encourageantes. Ils l’attiraient et l’invitaient à les rejoindre. Rassurée, sûre d’y trouver la grande paix et la joie, elle se réfugia précipitamment à l’intérieur. Tout était ici merveilleux, constellé de pierreries. Elle verrouilla la porte. Enfin, ici, on ne viendrait plus la traquer. Plus personne ne pourrait l’atteindre.
De l’autre côté, l’homme en noir, furieux de son impuissance, tomba sur les genoux et se réduisit en poussière. Marion Lubreac
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