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jeudi 3 février 2011

L’IRONIE DU SORT.

Fléchereau se trouvait dans une mer de sable, envahie de méduses argentées et sifflantes. En levant les yeux, il épousa du regard une fleur au tronc immense, noueux et vert. Une horrible fleur verte, qui exhalait un lourd parfum de souffre et de venin.
Il n’éprouvait aucune peur. Il possédait en lui une parfaite connaissance de la route à suivre et il sentait aussi avec certitude qu’il pouvait y arriver. Il considérait qu’il avait toujours été gêné auparavant. Gêné dans sa longue quête, par quelque chose ou par quelqu’un. Pour une fois, il avait réussi à être seul, à se rendre seul. Etait-ce pour cela que l’environnement se faisait glue et sable ? Il était irrésistiblement attiré par la corolle de la fleur : c’est ainsi qu’il se rendit compte que sa couleur changeait : de verte, elle vira à l’orange. L’odeur suave et lourde s’imposa plus fortement encore, il en fut étourdi. Fléchereau dut s’asseoir sur un banc de sable pour reprendre ses esprits. Que cherchait-il ? Il l’avait oublié. Il avait tellement mal à la tête ! Comme si tout le crâne lui tombait sur les yeux. Il n’arrivait pas non plus à réunir sous lui ses membres de coton. Il était convaincu que ce malaise écrasant lui venait de la fleur : ce monstre hideux et envoûtant, cet implacable ennemi qui lui refusait sans raison apparente le droit de se réaliser.
Il ne se sentait pourtant pas le droit d’abandonner. Il avait une mission et il n’était pas question de tout laisser tomber. Car au bout du compte, quel serait le verdict final ? …Sans se douter qu’il faille se vouer à la destruction, il s’obligea à se remettre en route. Mais le sable se fondit et la glue envahit sa bouche et ses oreilles. Une nausée, un étouffement impossible à surmonter le prit à la gorge. Dans un gargouillis sourd, Fléchereau disparut, englouti par le sable…
Seule la fleur, intacte, régnait sur ce monde endormi…
Marion Lubreac

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