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mardi 26 mars 2019

POESIE

Les étoiles de ses yeux se sont depuis longtemps éteintes. Elle n'est plus le soleil de personne. Sa peau translucide et diaphane ressemble aux ailes d'un papillon vibrante orgasmique; Aplatit d'un geste sec en plein vol. Elle avance et titube. Bras à tâtons, chevilles absentes, cœur en lambeaux. Elle marche, dans le noir de sa nuit, que seule un espoir de disque blafard éclaire encore, parfois, à mettre en évidence l'eau de ses cils qui musellent sa bouche d'ombre d’où sortent les insupportables cris de son âme à lui! En quittant leur chemin, il l' a laissée héritière de toutes les musiques de son âme. Dépositaire de ses ressentis de ses douleurs innommables. elle chante. De sa gorge fleuries des mots de tous les miels elle cisèle pour lui, une toile, un reposoir, une terre d'accueil un linceul gibet de l'araignée. Plante des hortensias mortuaires où elle ira enterrer tout le poids de ses épaules. Et son amour aussi. Marion Lubreac 27/03/2019

mardi 5 mars 2019

CHANSON/TEXTE/SLAM/ JE T ÉCRIRAI MOI, JE T ÉCRIRAI...

Je t’écrirai la nuit, moi Je t’écrirai la nuit Est-ce que tu me liras ? Est-ce que tu m’entendras A l’encre de tes nuits, Quand je viendrai te dire Tout mon manque de toi ? Et tu prendras ma main, dis ? Ma main, tu la prendras ? La porteras à tes lèvres ? Comme on vient en escale Ou qu’on vient échouer Après une tempête ? Je t’écrirai la nuit, moi Je t’écrirai… J’écrirai pour que s’effacent Toutes les lignes. Toutes les phrases. Les fausses notes, Les discordances, Les souvenirs aussi. Nous rejoindrons l’océan. Le ciel sera paisible… Couchés côte-à-côte Au limon du passé… Il m’écrira, la nuit, Il m’écrira… Il m’écrira à l’encre de mes rêves. Soulèvera Chacune des mèches de mes cheveux; me regardera dormir, paisible, au creux de son épaule lointaine. Mon âme, à la houle des vagues de ses reins, S’enroulera Sous l’écume de ses doigts. Nous serons L’océan Le ciel sera paisible. Couchés au limon de notre amour, Nous fleurirons ensemble, Dans notre renouveau. Tu m’écriras, La nuit, À l’encre de tes rêves. Tu me diras tes larmes Me raconteras tes pleurs Me narreras tes peurs Et moi je saurai lire Entre les lignes Entre les phrases Et entendre Tout ce que t’as pas dit J’écouterai Tous les sons Toutes les dysharmonies J’effacerai les fausses notes Gommerai les discordances Nous serons L’océan. Le ciel sera paisible. Couchés Au limon de nos souvenirs Nous fleurirons ensemble, Dans notre renouveau… On s’écrira, la nuit, à l’encre de nos rêves. On se murmurera Tout ce qu’on ne se s’est pas dit Par manque de temps Ou par oubli ; Par trop de certitude. Et par orgueil aussi ! Et par orgueil aussi … Oui Par orgueil aussi Je t’écrirai la nuit, moi Je t’écrirai la nuit Est-ce que tu me liras ? Est-ce que tu m’entendras A l’encre de tes nuits Quand je viendrai te dire Tout mon manque de toi ? Tu prendras ma main, dis ? Ma main, tu la prendras ? La porteras-tu à tes lèvres ? Comme on vient en escale Ou qu’on vient échouer Après une tempête ? Je t’écrirai la nuit, moi Je t’écrirai ! Je t’écrirai pour que s’effacent Toutes les lignes Toutes les phrases Les fausses notes Les discordances Les souvenirs, aussi. Nous rejoindrons L’Océan ! Le ciel sera paisible. Couchés Côte-à-côte, Au limon de notre passé… Et nous mourrons ensemble. Nous mourrons ensemble, Dans notre éternité… Ensemble à jamais ! Nous mourrons ensemble, Dans notre éternité … Marion LUBREAC 05/03/2019

dimanche 30 décembre 2018

https://soundcloud.com/synproject/boomtown-rats?fbclid=IwAR2WzdDcI66Z3bDskdzIBO5VMLXzvdA2_iFgg8gscDzwhIAIndS8QFZAE-U

vendredi 4 février 2011

POTIOR

Il se sentait agacé. Il ne pensait d’ailleurs qu’à une chose. Se sauver dans sa chambre, prendre un livre qu’il n’allait pas lire, s’installer près de la fenêtre, et rêver. Au-delà de la fenêtre, au-delà de la grille, au-delà de la lande.
Tout le monde l’agaçait. Il avait honte cependant du sentiment qui l’assaillait. D’autant plus qu’il avait du mal à comprendre pourquoi il refusait d’être aimé en retour .Il avait perdu toute confiance en lui. Le seul reflet de son visage dans la glace lui donnait envie de vomir.
Il avait cessé d’écrire, cessé de peindre. Il vomissait sa vie, il détestait son corps et son esprit et donc, ne s’aimant pas, ne pouvait supporter aucune présence.
Ce qu’il pensait de la vie, de la mort, du suicide, et de l’au de-là lui interdisait de se supprimer, car il croyait en la réincarnation de l’âme. Toute atteinte à la vie qui bondissait en lui était donc inutile et risible.
Il se traînait comme une larve dans les couloirs. Sa présence devint rapidement un fléau. Il était de plus en plus pénible. C’est pourquoi les gens de sa famille s’armèrent de longs crochets effilés pour lui arracher la tête et tout ce qu’il y avait dedans. Ils l’attrapèrent par surprise, un soir, dans un large filet de cordes minces très serrées. Ils le pendirent ensuite au plafond par les pieds pour mieux y voir et pour mieux travailler. Lui ne se débattait pas du tout. Il continuait à penser, bien au dessus d’eux et de leurs folles idées. Ils n’avaient pas l’air de comprendre le cycle de la vie. Tout cela le rendait très gai.
On l’enterra au bout du jardin, à côté de la tombe du chien, près d’un cerisier foudroyé.
Quant à sa tête, elle fut enfouie sous le grand hortensia rose, devant la maison.

LE CERCLE INFERNAL

Tubre me raconta :

« J’étais assis sur la falaise lorsque soudain j’entendis un grand fracas contre les rochers. Je baissai les yeux sur les flots déchaînés mais ne pus rien apercevoir. Comme tout semblait rentré dans l’ordre, je me calmai. Bercé par le bruit des vagues et réconforté par les chauds rayons du soleil, je finis par m’endormir.
Mon sommeil dura des heures. Peut-être même des jours. Je ne sais pas. Je ne porte jamais de montre. Et d’ailleurs, comme je ne savais pas où je me trouvais et que rien ne m’attendait ailleurs, la question de savoir combien de temps j’avais dormi ne fit qu’effleurer mon esprit. Je me levai et décidai de chercher de quoi me nourrir.

Je marchai longtemps, très longtemps. Bizarrement je n’avais ni faim ni soif et pourtant le soleil brûlait et le sol était très sec. Le paysage n’était guère agréable, car il n’y avait ni habitation, ni arbre, ni rien de vivant sur mon passage.
Après des heures de route, alors que je me trouvais sur une hauteur, j’aperçus non loin de là une sorte de poteau indicateur planté près d’une source. Une cruche de terre cuite ébréchée et ventrue y était posée. Il y avait là trois flèches qui indiquaient trois endroits différents : La première portait le nom de mon pays, de ce monde qui ne m’avait rien apporté et que j’avais fui. La seconde montrait le Nord, pour les hommes de Terre, et la troisième indiquait l’Est, direction que je pris après m’être lavée à l’eau du ruisseau. L’endroit était agréable et frais et avant de repartir je pris le temps de ramasser une jolie petite pierre grise et bleuâtre qui brillait au fond de l’eau. Puis je repris ma route.

Sur mon chemin, après un bon moment, j’eus la surprise de me trouver devant un tas de plumes minces et maladives. Mais comme j’ai passé ma jeunesse à plumer des poules et des canards à la ferme, je n’ai pas pu me retenir, et j’ai donné un grand coup de pied dans le tas de plumes qui se sont éparpillées un peu partout. J e marchai dessus et continuai ma route, ma petite pierre dans la main gauche.
Oui bien sûr, j’aurais pu ramasser une plume et la ranger au fond de ma poche, ou bien la garder à la main avec la pierre. Mais qu’aurais- je fait d’une plume ? Elle se serait engluée au fond de ma poche et salie. Elle n’aurait plus été qu’un petit tas sale et informe. Une petite boule touffue et répugnante. Tandis que ma pierre, si petite soit- elle, était immuable. Elle devint en quelque sorte mon fétiche. Je ne pensais même plus à me nourrir. Pourtant je passai près de gros arbres chargés de fruits énormes, superbes et mûrs. Il m’aurait suffit de tendre la main. Mais ce geste, je n’avais pas envie de le faire. Je continuais à marcher, sans vrai but, poussé par une main invisible, comme un automate. Sans manger. Sans me reposer plus de quatre vingt dix minutes de suite. Je n’étais pas fatigué. Je marchai ainsi longtemps, longtemps. Je ne saurais dire exactement combien de temps .Quand tout à coup, comme le faisceau d’une lampe de poche, une grande clarté surgit et m’aveugla.
Je tombai douloureusement à genoux, essayant de me protéger les yeux de cette grande lumière qui semblait venir de nulle part. Mais la clarté était trop forte et je m’évanouis de douleur et d’émotion.
C’est ici que je me suis réveillé, dans l’hôpital de la ville que j’avais quittée, il y a longtemps.

C’est alors qu’il me tendit sa pierre :
Prenez, me dit-il, ce n’est pas celle que je croyais. C’est juste un caillou sans importance, sans aucune valeur. »

En sortant de l’hôpital, j’ouvris la main sur la pierre bleue.
Tout doucement, elle s’envola vers l’est.

IMPLICATION

Ces longs mois d’hiver passés seul à courir le pays n’avaient guère été agréables. Au moins, le mois de novembre, propice à la rêverie et à l’imagination lui avait-il permis de penser à d’autres moyens d’arriver à ses fins.
Un après midi de mars, Nidopin rencontra son ami. Celui-là même qui s’était, comme lui, impliqué jusqu’au bout dans la quête du Savoartou.
Simon Galair était allé plus loin que lui dans son implication. C’était un sage et ses connaissances n’avaient que peu de limites.
Après avoir montré sa joie face au retour de l’ami, Nidopin s’était ressaisi et il arborait maintenant cette réserve froide quasi déconcertante. Il restait souvent silencieux et jamais personne ne troublait le calme intérieur qui émanait de lui.
Un lourd silence régnait maintenant. Il se laissa tomber sans bruit sur une chaise et attendit, ses yeux pâles posés sur l’ami dont il enviait l’expérience.
Simon Galair se dirigea vers la fenêtre, puis, après un temps de silence, il se décida à transmettre ce qu’il savait à son ami. Au dehors grondait le tonnerre. La pluie fracassait les vitres. Simon Galair se mit alors à hurler, pour dominer le fracas. Cet air triste et grave allié à ces hurlements incompréhensibles le rendaient un tant soit peu inquiétant.
Soudain alors qu’un éclair déchirait le ciel noir et que la grêle tambourinait violemment, il s’effondra au le sol, son long corps maigre secoué par des spasmes de douleur. Sans doute venait-il d’être frappé par la foudre.
Nidopin bondit de sa chaise pour prêter assistance à Galair.
Celui-ci lui fit signe d’approcher l’oreille de sa bouche pour qu’il puisse lui communiquer son savoir avant de mourir. Avide, il se pencha et d’un coup de dent décisif, Galair lui déchira l’oreille avant de lui croquer le nez et de lui arracher la moitié de la joue gauche.
La bouche en sang, il sortit en ricanant comme un dément, laissant Nidopin dans le désarroi le plus total.
Il comprit que lui seul pouvait atteindre sa vérité et qu’il n’avait rien à attendre des autres.
Marion Lubreac

COMBAT POUR LA LUMIÈRE

Au bout de son long chemin, le vieil homme affaibli se trouva face à une gigantesque caverne. Elle était située tout en haut de la dernière des montagnes qu’il avait dû affronter. Lovée au creux de la roche noire, elle se laissait découvrir, sinistre et austère. Sur son côté droit serpentait un petit ruisseau. Il contournait la dure paroi en la serrant de très près.

Il s’arrêta un moment pour reprendre son souffle. Face à lui se dressait ce pourquoi il n’avait cessé de combattre. Ses souffrances, ses humiliations, et maintenant les joies de la découverte, tout cela recevait son dû. Oui, il savait qu’il avait atteint son but. Et même s’il n’allait en tirer aucune récompense, peu lui importait, au fond. Il aurait au moins le privilège de se reposer, longtemps et avec délice. A présent il avait le temps, il n’était plus pressé, puisqu’il allait bientôt savoir.

Mais alors qu’il comptait s’arrêter un peu avant de pénétrer dans la caverne, il vit s’ouvrir en deux la muraille, lentement, dans un effroyable grincement. Il fut pétrifié, impressionné et déconcerté par ce phénomène. Il n’y avait là personne pour ouvrir une porte ni même pour actionner un quelconque mécanisme.

Par l’orifice béant s’élevait à présent une musique étrange et attirante. On aurait dit un langage que le vieil homme comprenait à mi-mots. Il la sentait si proche, si amicale, mais trop compliquée pour lui. Il se sentait attiré par l’entrée. Il ne résista pas. Ne devait-il pas s’y rendre, de toute façon? Il se laissa porter par les sons qui s’élevaient, l’esprit en alerte et attentif à ce qui pouvait se passer autour de lui.

Dès qu’il eut passé la porte, la musique cessa. Alors, lentement, il pivota sur lui-même et regarda tout autour de lui.
Il ne remarqua cependant rien d’extraordinaire ou de spécial. Les murs étaient nus et ils semblaient humides.
D’ailleurs, il faisait très froid. Ce qui ne manqua pas de l’étonner, c’est qu’une grande clarté illuminait la grande salle dans laquelle il se trouvait. Cette lumière était comparable au jour, mais il n’y avait pourtant aucun orifice d’où elle pouvait fuser. De cette grande salle partaient plusieurs boyaux également éclairés, de longs boyaux étranglés qui semblaient se perdre dans le roc. Par peur de s’égarer, il préféra rester dans la grande salle .Le risque de s’égarer dans l’un de ces couloirs inconnus ne le tentait pas. Pourquoi vouloir aller à la rencontre de ceux qui, sans aucun doute, étaient déjà prévenus de son arrivée?
Son attente ne fut pas aussi courte qu’il l’avait imaginée. Bien que ses hôtes sussent parfaitement qu’il était là, ils n’étaient pas de ceux qui se précipitent de sitôt que quelqu’un daigne se présenter.
Il attendit un long moment qui lui parut être des siècles. Il avait attendu toute sa vie, mais si prêt du but cela lui fut à peine tolérable.
Enfin, au fond de la caverne, une muraille s’ouvrit à nouveau. Alors il pût voir, au centre d’une salle plus petite, un autel taillé dans la pierre sur laquelle était gravées de nombreuses inscriptions cabalistiques. De chaque côté de l’autel brûlait de longs cierges peints en rouges, et derrière lui s’étalaient de lourdes tentures de soie noire, masquant ainsi la sévère muraille.
Quelques secondes plus tard, il vit entrer, par le côté gauche, quatre personnages vêtus de longs vêtements blancs, le visage caché. Ils se placèrent tous derrière l’autel, en silence. La cérémonie était on ne peut plus rituelle. Au moment de leur entrée, la musique s’était élevée, différente, plus imposante, noble.

Les capuchons tombèrent. Le vieil homme observa attentivement la physionomie des quatre personnages dont il connaissait les noms pour en avoir souvent entendu parler autour de lui. Ils étaient donc ainsi faits, ces terribles géants qui régnaient sur tout, qui réglaient tout et avaient eu le droit de disposer à leur gré de sa vie !
Il les connaissait : il y avait là Gob, le roi des gnomes, qui règne sur le Nord, ceint de l’épée qui correspond à son évocation. Près de lui se tenait Djin, prince du feu, et maître du Sud, porteur de son trident magique. Puis à sa gauche, la reine de l’Ouest, Nicksa, souveraine des eaux, avec devant elle, la coupe.
Le regard du vieil homme s’arrêta enfin sur celui qui avait à ses yeux le plus de pouvoirs. Paralda, seigneur du souffle, maître absolu de l’Est.

C’est lui qui prit le premier la parole. Il s’avança hors du groupe et clama :

« Voici venu le temps de la transformation. La bête infâme qui t’habite et qui te boit le sang lentement sans que tu t’en rendes compte doit être combattue et détruite. Fais appel à la foudre, mon frère, car elle seule est vraie et peut t’apporter la force qui t’est nécessaire pour vaincre.

Au-delà du temps, tu anéantiras le Dieu mensonge qui voulait te tromper pour se servir de toi, et tu puiseras ta force dans sa propre image.
Pour cela, utilise les mêmes moyens que lui.
Flatte-le, caresse-le, mais que ta caresse le brûle et le détruise. C’est alors que tu acquerras la liberté absolue. Possesseur de ta propre morale, tu pourras être fier de cette force, de cette vie nouvelle qui aura jailli de toi, et tu célèbreras le nouvel homme, l’être d’Absolu que tu auras forgé et aidé à naître. »

Ainsi parla le Grand Conseiller de l’Est.

Le vieil homme comprit la métamorphose et se rendit compte avec soulagement qu’il ne serait plus jamais le même.
Il commença à se sentir plus léger. La douleur de l’arrachement le prit. Le flou de son non-être s’échappa et, submergée par le feu, son enveloppe mensongère se réduisit en cendres, calcinée par la coulée brutale de la force purificatrice.

La lutte des deux forces annoncées avait commencé. Les quatre personnages, ceux qui avaient le vrai visage de la certitude de l’être avaient laissé l’homme seul, face à lui-même et à ses démons. On n’avait plus besoin d’eux maintenant.
Le combat des forces fut dur et pénible. Soudain, tout craqua et il prit forme. L’être absolu délivré des contraintes se transforma en loup. Ses dents devinrent puissantes et luisantes, son poil épais et dru, témoin de sa puissance.
Le loup vigoureux s’échappa dans la lumière sourde qui inonde la montagne devenue rouge. Déjà il repartit vers d’autres quêtes. Et c’est alors que tout commença.
Dans la lumière et dans la force.

Marion LUBREAC